Lundi 23 mars 1 23 /03 /Mars 22:17

I

I

 

 

 

 

 

 

 

 

     Ce dimanche soir-là, avant de se coucher, après s’être dévêtue, Eugénie resta longtemps devant la glace de la salle de bain qu’elle partageait avec ses frères et sœurs. Nue, elle détailla son corps avec attention, froidement, durement presque. Ce qu’elle voyait ne lui plaisait guère.

     Eugénie trouvait ses seins lourds et sans originalité dans leur forme. Ses épaules lui semblaient légèrement dissymétriques et son nombril un peu trop saillant. Elle plissa entre ses doigts la peau de son ventre pour faire apparaître de maigres bourrelets qui lui arrachèrent un sourire de commisération. Elle tendit ses bras pour voir ses muscles, qu’elle trouva trop inexistants à son goût. Elle n’osa se tourner de peur de ne pas apprécier ses fesses ou la cambrure de ses reins.

     Elle baissa ensuite la tête pour détailler le bas de son corps, qu’elle ne pouvait apercevoir dans le miroir. Sa féminité était immédiatement visible car nulle toison ne masquait son sexe. Ses lèvres intimes formaient un pli disgracieux coincé entre ses cuisses. Ses doigts de pieds lui semblèrent être le comble du ridicule. La forme de ses chevilles, avec la boule trop visible de la rotule, lui fit hausser les épaules.

     Puis Eugénie redressa la tête pour se dévisager. Elle se fixa de longues secondes sans ciller. Elle vit un regard qui manquait d’assurance et de personnalité. Son visage ne lui inspira pas plus de tendresse que le reste de son corps. Une bouche non pas pulpeuse mais charnue, un nez non pas mutin mais drôle. Elle n’essaya même pas de sourire car elle n’aurait vu qu’une grimace. D’un geste soudain, elle éteignit la lumière, en laissant son doigt tendu sur l’interrupteur. L’obscurité lui fit pousser un soupir de soulagement. Elle retira son doigt puis, à tâtons, attrapa son peignoir qui était pendu à la porte, sur ceux de ses frères et sœurs. Elle resta de longues minutes dans le noir, appuyée des deux mains sur le rebord du lavabo, dans un léger mouvement de balancier.

     Qu’elle jette sur son corps un tel regard était le meilleur témoin de son état d’esprit car elle savait pertinemment qu’elle était belle et désirable, que son corps attirait les regards. Bien qu’âgée seulement de dix sept ans, Eugénie avait déjà une longue expérience en matière de remarques masculines plus ou moins élégantes, plus ou moins bien placées. Ses imperfections – aussi nombreuses que bénignes – participaient à son charme aussi sûrement que ses courbes.

     Donc ce jugement porté à son encontre était la partie visible de son amertume et de sa contrariété. En effet, Les semaines qui venaient de s’écouler avaient été particulièrement riche en désagréments. Elle ne trouvait aucune chaleur dans son existence pour réchauffer le regard qu’elle portait sur son corps.

     Sa grand-mère, une fontaine de joie et de bonne humeur, l’avait quitté il y a un mois. L’avait quitté et non les avait quitté car l’amour qu’elle se portait dépassait de lion celui qui existait entre sa grand-mère et ses parents ou ses oncles et tantes. Son rire avait résonné dans toute son enfance. Sa cuisine avait toujours été un havre de bonheur et de délices. Plusieurs examens au lycée – Eugénie était en terminale – ne s’étaient pas bien déroulés alors que le bac approchait. Une des matières dominantes de son cursus – les mathématiques – lui posaient depuis toujours d’insurmontables problèmes. Ils pouvaient lui coûter l’obtention du diplôme qui clôturait ses premières années d’études. Elle avait mis fin à une relation avec un garçon qui avait été aussi infidèle que menteur. Elle était attachée mais, depuis le début, le jeune homme se moquait d’elle et ne respectait en rien les sentiments qu’elle lui portait. Ses deux parents traversaient une période difficile sur le plan professionnel. Son père, avocat, venait de perdre une importante affaire, ce qui allait nuire à l’image de son cabinet. Sa mère, infirmière, risquait un procès pour une négligence qui avait sérieusement compliqué la situation d’un patient. Enfin, coiffant tout cela, suite à un déménagement, Eugénie venait de perdre sa meilleure amie, fille de militaire en constant déplacement. Marie était sa seule réelle complice, la seule qui la comprenait vraiment et qui savait l’écouter. Eugénie, avec ce départ, se retrouvait pour ainsi dire seule dans son lycée.

     « Il me faut dormir. »

     Elle articula cette courte phrase sans la prononcer puis se tourna vers la porte. La lumière du couloir lui fit cligner des yeux. Elle était trop crue, trop brute, trop réelle. En quelques pas, elle fut dans sa chambre. En quelques gestes, elle fit glisser son peignoir au sol – elle ne prit pas la peine de le ramasser – et se réfugia sous les draps. Rarement son lit lui avait semblé aussi réconfortant. Un sanctuaire, un havre de paix et de repos. La chaleur que son corps rapidement diffusa dans les draps l’enroba puis lui fit fermer les yeux d’aise. Elle s’endormit en un rien de temps, sans même avoir une pensée pour les jours qu’elle laissait derrière elle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Par Chevalier de Ferreol
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Lundi 23 mars 1 23 /03 /Mars 22:20

II

II

 

 

 

 

 

 

 

     Pour se réveiller en sursaut.

    Il faisait déjà pleinement jour.

    Et ce n’était pas la seule chose qui la frappa.

    Son lit. Elle n’était pas dedans mais dessus, comme si elle s’était assoupi sur les draps. Il était en bois massif, avec des montants sculptés et les draps  étaient bordés de dentelle. La pièce où elle se tenait. Ce n’était plus sa chambre mais celle d’un manoir, d’une riche demeure de campagne, avec des meubles précieux et une liseuse en velours à côté de son lit. Enfin, sa tenue. Une robe comme en portait les femmes de jadis, faite de broderies, de dentelles et de jupons.

    Eugénie ne comprenait pas vraiment ce qui se passait ni où elle était. Une autre époque, un autre lieu mais pourtant elle ressentait avec acuité le monde autour d’elle.

    En se redressant, elle vit la croix dorée qu’elle portait autour du cou et qui disparaissait entre ses deux seins généreux. Cette vue la fit sourire. Elle aimait ses seins et les voir dans cette robe d’aristocrate lui plaisait singulièrement. Elle contempla

    « Eugénie, ma fille, nous vous attendons. »

    La voix de sa mère se fit entendre de nouveau. C’était elle qui l’avait tiré de son assoupissement.

    « Oui mère, j’arrive. Veuillez m’excuser. »

    Le vouvoiement et la voix déférente lui vinrent sans mal, comme s’il en avait toujours été ainsi. Elle fut juste surprise après coup, comme si  elle remarquait ces mots pour la première fois.

    Toute sa famille l’attendait dans le vestibule de leur manoir. Les trophées de chasse de son père ornaient l’imposant escalier. Comme à son habitude, elle effleura la peau du renard accroché au-dessus des premières marches. Les murs étaient tapissés de boiseries cirées et brillantes. La lumière inondait la vaste pièce à travers deux grands vitraux représentant des ancêtres de la famille. Eugénie avait la drôle d’impression de découvrir des choses qu’elle connaissait depuis toujours.

    Leur chien attendait sous la petite table à droite des portes. Son père arborait une de ses tenues dominicales qui mettait en valeur sa puissante stature et ne laissait pas de doute sur son positionnement social. Sa mère portait une belle robe vert pastel. Une ombrelle délicate et entrelacée pendait nonchalamment à son avant-bras. Ses deux frères ressemblaient à deux petits chasseurs plein d’une superbe enfantine.

    « Nous prenons la calèche ou bien nous partons à pied du manoir ? demanda-t-elle à son père ?

    - La calèche. Je voudrais voir le grand chêne derrière le hameau des Essarts. Félicien m’a dit que la foudre l’a frappée lors de l’orage de jeudi. Cela me ferait mal que de perdre une telle force de la nature. »

    - La calèche. Je voudrais d’abord voir le grand chêne derrière le hameau des Essarts. Félicien m’a dit que la foudre l’a frappée l’autre jour. Ce serait dommage de perdre une telle force de la nature. 

    - La calèche ? En êtes vous sûr, Henri ? s’enquit son épouse, déjà fort sceptique.

    - Madame, n’ayez crainte. Je roulerais sans heurts. Vous serez aussi bien dans la calèche que dans votre fauteil favori, je m’en porte garant. »

    Eugénie savait qu’il n’en serait rien. Son père aimait trop lancer ses chevaux de par les routes de leurs domaines. Même s’il était présentement de bonne foi, il oublierait sa promesse dès qu’il aurait les rênes entre les mains.

    Quelques instants après, toute la famille était assise derrière le père, fouet en main. Il avait sorti ses deux plus beaux chevaux pour l’occasion. Il venait de les acquérir et voulait les connaître un peu mieux. En les voyant harnachés à la calèche, sa mère poussa un soupir de résignation que son mari n’aperçut pas.

    A peine eut-il franchi les grilles de leur demeure qu’il lança son équipage sur le chemin de terre, pour le plus grand plaisir de ses deux enfants, et au grand dam de sa femme. Ses appels pour tempérer l’allure de la calèche restèrent lettre morte. Son mari n’en fit qu’à sa tête et mena l’attelage tambour battant tout du long.

    Autour d’eux, le paysage ne portait aucune trace du puissant orage qui avait traversé la région deux nuits auparavant. Nulle ornière gorgée d’eau, nulle branche en travers de la route et de rares épis de blés couchés.

    Eugénie, indolente, portée par la clémence de cette journée de printemps, se laissa aller à de douces rêveries, la main par dessus le rebord de la calèche pour sentir l’air sur sa peau et la caresse du vent sur son visage. Bercées par un délicieux flottement de sa réalité, ses pensées erraient avec insouciance dans son esprit, ne s’attardant sur aucune idée précise. Eugénie savourait le moment présent dans toute sa simplicité. L’instant était propice aux plus douces rêveries.

     Quand son père tira sur les rênes , elle ferma les yeux pour les rouvrir rapidement et redresser son corps tout entier.

    « Déjà ? demanda-t-elle comme quelqu’un qui se réveille.

    - Oui, ma fille. Déjà. On dirait que mes deux purs-sangs n’aiment faire traîner leurs sabots. Je ne m’en plaindrais pas. »

    Un chêne majestueux était planté à quelques pas devant eux. Il dominait la forêt en imposant sa masse de feuilles et de branches.

    Eugénie descendit de la calèche puis leva la tête pour contempler l’arbre. Sa force, sa puissance la fit frissonner. Dressé vers le ciel, tendu, parcouru par sa sève nourricière, il dégageait une force qui la troublait presque. Elle remarqua à peine ses deux frères qui se chamaillaient pour une broutille autour d’elle. Elle ne sentit pas que le bas de sa robe s’était taché de terre contre le garde boue crotté en descendant de la calèche. Non. Elle était toute entière subjuguée par le chêne qui trônait fièrement devant eux en envoyant ses feuilles à plus de trente mètres de haut.

    Mais ils n’étaient pas seuls. Leur garde forestier était là, ainsi que l’un des plus importants tenanciers du village voisin. Ils interrompirent leur discussion en voyant la calèche de leur maître arriver. Ils vinrent lui présenter leurs hommages. Eugénie savait que son père appréciait le garde forestier mais méprisait le paysan pour son obséquiosité et son regard fuyant. Le regard d’un fourbe sans scrupule, aimait-il à dire.

    Rapidement, la discussion quitta l’arbre que la foudre avait balafré sans causer trop de dégâts pour aborder un litige opposant le tenancier à un autre habitant du village.

    Eugénie s’éclipsa sans peine, prétextant une envie de faire quelques pas pour se dégourdir les jambes. 

Par Chevalier de Ferreol
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Mercredi 25 mars 3 25 /03 /Mars 22:12

III

    III
     





     Elle franchit l’orée de la forêt et s’enfonça entre les arbres. Il régnait entre les troncs une agréable fraîcheur qui la cueillit sur place et lui fit oublier ses parents et la promenade dominicale. Le trille de quelques oiseaux perçait çà et là le silence des lieux. Elle souleva un pan de sa robe pour ne pas la laisser traîner au sol puis poursuivit.

     En quelques pas, les fragrances des arbres, la fraîcheur qui régnait sous la frondaison, les chants des oiseaux la bercèrent tant et si bien qu’elle en oublia sa robe. Elle posa alors sa main à bien à plat sur le tronc d’un arbre. Le contact rugueux de l’écorce la fit frissonner. Elle ferma les yeux un instant pour savourer cette sensation.     

     Ce fut alors qu’une image se précisa dans son esprit. Elle avait secrètement prit forme devant le grand chêne et tous les arbres qu’elle frôlait ne faisait que la confirmer. Son cœur s’emballa, sa respiration se fit fébrile tandis que, tout autour d’elle, les arbres évoquaient de plus en plus des verges puissantes et tendues de plaisir. Ils étaient une forêt de sexe, des troncs virils, des peaux d’écorces, des tiges puissantes qui troublaient un peu plus Eugénie à chaque pas. N’osant plus poser ses mains sur les troncs de peur de défaillir, elle s’y adossa pour retrouver son souffle et laisser ces images de verges s’épanouir dans son esprit.

     Eugénie aimait à la passion leur va et vient en elle, leur présence dans son corps, les sentir dans sa chair. Elle aimait s’ouvrir autour d’elles, la moiteur qui l’envahissait à leur approche et sous leurs assauts. Elle aimait les goûter, les sentir durcir puis vibrer avant l’explosion, les voir se répandre sur elle, en elle.

     Un bruit fit distraction dans le cours lascif de ses pensées, celui d’un pic vert  frappant avec régularité sur le tronc d’un arbre. Un « tac » répétitif. Tac. Tac. Tac. Elle tourna la tête pour localiser l’origine du bruit.

     Incontinent, elle se mit en marche. A mesure qu’elle s’en approchait, le bruit se précisait, ainsi que sa nature. Il ne s’agissait pas d’un oiseau car le rythme était trop lent pour être celui d’un pic-vert. Non. Il s’agissait en fait d’un bûcheron œuvrant avec sa hache sur un tronc.

     En voyant cet homme à la carrure robuste, un frisson la parcouru. Elle sut exactement ce qu’elle allait faire, ce qui allait se passer. Il était l’homme incarnant la vigueur de la forêt, le corps dont elle voulait la sève, la virilité qu’elle voulait éprouver.

     Sans plus attendre, Eugénie se composa un visage de jeune châtelaine perdue dans la forêt, elle mit en désordre sa robe et ses cheveux, respira jusqu’à s’époumoner pour  faire rougir ses joues puis, de loin, au comble du désespoir, elle héla l’homme. Elle avait en elle la certitude d’arriver à ses fins.

 

     Le bûcheron  arrêta la course de sa hache, tourna la tête et fronça les yeux. Une jeune donzelle s’avançait vers lui. Il la connaissait. C’était la fille de son seigneur. Une jeune et belle demoiselle, au demeurant.Elle semblait perdue et aux abois. En lui aussi le sang ne fit qu’un tour. Il pensait qu’il pouvait peut-être tenter sa chance.

 

     « Je suis perdu, monsieur. J’étais en famille et les miens m’ont oubliée, je crois.

     - Oh mademoiselle, cela est bien triste, seule dans une si grande forêt. »

     Les yeux d’Eugénie étaient de velours. Elle dévisagea avec assurance le bûcheron.

     « Est-ce que vous pouvez m’aider ? Mes parents sauront être généreux envers celui qui aide leur fille, je vous le promets.

     - Oh ! les promesses des grands, très peu pour moi.

     - Oh mais alors je vous promets, moi, d’être généreuse si vous me venez en aide. »

     Le regard de l’homme ne bougeait pas de sa poitrine. Elle prit une voix aussi douce que ses yeux.

     « Allons bon ! Vous savez parler mais c’est bien tout… Vous connaissez les livres et les mots mais pour le reste, ce n’est plus la même chose…

     - Il vous faut donc une preuve, monsieur, si j’ai bien compris, dit-elle sur un ton parfaitement innocent.

     - C’est cela, oui, mademoiselle.

     - Si je vous montrais ma gorge, vous me montreriez le chemin de ma demeure.

     - Non mademoiselle. Si enlevez votre corsage, je commencerais à me dire que je peux vous faire confiance.

     - Très bien. »

     Puis, sans un mot, Eugénie délassa son corsage pour libérer un de ses seins et l’exhiber devant le bûcheron. Il était généreux, blanc, ferme, couronné d’une pointe fine et délicate.

     « Voilà ma gorge, monsieur. Cela vous satisfait-il.

     - Nous sommes loin du compte, mademoiselle. Montrez-moi votre con. »

     Fermant les yeux, savourant le plaisir qui montait en elle, elle prit dans ses mains deux pans de sa robe pour le relever, ainsi que ses jupons. Ses cheville, ses genoux, ses cuisses apparurent les unes après les autres. Ils avaient la même blancheur, la même fraîcheur que sa gorge.

     Soulever ses jupons, sentir l’étoffe de ses habits frotter sur sa peau, l’air caresser ses cuisses lui arracha un profond soupir. Elle ouvrit les yeux pour regarder le bûcheron. Il savourait le spectacle qui lui était offert.

     Quand la toison d’Eugénie apparut, les yeux de l’homme se dilatèrent de plaisir. Sa toison n’était pas trop fournie. Elle dissimulait sans les masquer vraiment ses lèvres intimes, son con.

     « Assurément, mademoiselle, les jeunes filles des châteaux sont fort jolies. Puis-je voir votre cul ? »

     Sans un mot, elle se tourna.

     « Relevez vos jupons, je ne vois pas bien vos lunes et votre raie. »

     Elle obéit.

     Son cul provoqua un petit sifflement d’admiration de la part du bûcheron.

     « Que c’est beau, un cul d’aristocrate. Est-ce qu’il est aussi ferme que beau, mademoiselle ?

     - Je ne sais pas, venez voir mais… vous me montrerez la route ensuite ?

     - Laissez moi d’abord tâter de cette croupe et vous montrer une autre route avec mes doigts.

     - Soit monsieur. Faites ! »»

     Puis elle se courba pour lui offrir une pleine vue sur le bas de son dos. Elle était si bien faite que l’on pouvait deviner ses lèvres dans l’espace intérieur du haut de ses cuisses. Le bûcheron ne se fit pas prier et posa une main à cette endroit précis.

     Eugénie, en sentant la main rude se poser sur sa peau, sentit le même frisson la parcourir que quand sa paume effleurait l’écorce des arbres. Elle s’en mordit la lèvre inférieure de plaisir. L’épaisse et rugueuse main sur sa peau de pêche acheva de lui mettre l’eau à la bouche.

     « Monsieur, puis-je avoir l’assurance que si je vous laisse faire vos quatre volontés entre mes jambes, vous aurez la bonté de m’indiquer la route du retour ?

     - Je commence à vous croire digne de confiance, mademoiselle. Mettez vous à genoux et je serais convaincu. »

 

     Eugénie se mit à genoux sans plus attendre. La terre fraîche, les feuilles et les brindilles du sol lui procurèrent un autre frisson de plaisir.

     Elle se sentait biche fragile entre les mains d’un rude paysan. Elle était une belle et jeune aristocrate sur le point de se faire vigoureusement honorer par un solide gaillard.

     La cyprine coulait abondamment entre ses cuisses, déjà luisantes de plaisir. L’homme sorti un sexe de belle taille, déjà en érection.

     Eugénie alla à sa rencontre en fermant les yeux. Sucer des verges tendues de désir pour elle lui plaisait au plus haut point. Elle était encore jeune mais avait déjà eu en bouche bon nombre de queues. Et de toutes origines. Celles des valets de son père, celles des amis de son père, celles d’inconnus, celle d’un prêtre. Pour tout dire, elle avait aussi eu des cons au bout de la langue. Eugénie avait une ardente passion pour les entrejambes.

     Elle suça tant et si bien le bûcheron qu’il se mit à gémir, à exprimer son étonnement.

     « Je ne pensais pas que la fille de mon châtelain était si douée pour cette chose. Vous valez bien mieux que toutes les garces du village…. Sans offense, mademoiselle, ajouta-t-il, comme choqué lui même d’avoir pu comparer la fille qui était à ses genoux aux femmes du village. »

     Eugénie ôta la queue de sa bouche et, tout en le masturbant, leva ses yeux dans les siens.

     « Monsieur le bûcheron, les seuls égards que j’attends de votre part sont ceux que vous allez me donner avec cette belle queue. Parlez moi comme bon vous semble. J’aime tous les mots. »

     Cette déclaration acheva de faire durcir le bûcheron.

     « Oh la petite catin ! fut la seule conclusion que put trouver le bûcheron. »

     Il s’empara de la tête d’Eugénie et commença à aller et venir avec vigueur dans sa bouche. Sa verge disparaissait presque en entier dans cette bouche qui n’avait pas encore dix huit printemps. Les coups de langue qu’Eugénie dispensait à cette chair tendue qui investissait sa bouche achevèrent de rendre fou l’homme.

     « Oh ! mais si on m’avait dit que la fille du châtelain était une fieffée suceuse, j’aurais rodé plus souvent autour du château. 

     - Mais la fille du chatelain est là maintenant. Et elle a envie de se faire trousser par le cul. Auriez-vous l’extrême obligeance de me sodomiser, monsieur le bûcheron bien membré ?

     - Mademoiselle, la taille de ma verge ne vous effraie-t-elle pas ? Votre con me, vous savez.

     - Monsieur le bûcheron, mon cul aime s’ouvrir pour une telle générosité. Alors n’hésitez pas, troussez moi le cul et non le con. Enculez-moi, si vous comprenez mieux les choses ainsi.

     - La petite salope ! s’écria le bûcheron, autant excité par Eugénie que piqué par sa dernière phrase. »

 

     Quelques secondes après, la jeune femme avait, en plus des genoux au sol, les épaules à terre. Ainsi positionnée, elle offrait sa croupe, son cul, ses orifices au bûcheron. En quelques manœuvres d’approches, avec les doigts et sa langue, il prépara l’aristocrate rondelle qui le regardait et l’excitait.

     Il se glissa en elle. Eugénie se mordit la lèvre. Elle savoura ce moment de plaisir mêlé de douleur où son corps s’ouvrer pour laisser passer la grosse verge du paysan. Elle glissa un doigt entre ses cuisses pour flatter son clitoris,. Il était gonflé de plaisir et moite.

     « Sodomisez bien la fille de votre châtelain, monsieur. Elle aime sentir les verges comme les vôtres dans son cul.

     - Ah la garce, ! je vais vous baiser comme il faut. »

     Le bûcheron, trop excité pour penser clairement, ne put dire plus. Il enserra les hanches d’Eugénie pour assurer sa prise sur la croupe qu’il sodomisait vigoureusement. Il allait bonne cadence entre ces cuisses blanches et désirables. Il sentait à présent que l’anus autour de sa verge était accueillant, dilaté, ouvert au plaisir qu’il enfilait en elle.

     « Sors de mon cul, dit-elle ensuite.

     Il s’exécuta.

     « Que vois-tu ? s’enquit Eugénie dans un souffle.

     - Je vois votre cul, mademoiselle.

     - Allons donc, bûcheron, décris mieux que cela.

     - Je vois le trou de votre cul, mademoiselle. Je vois que je vous encule bien. Je vois une belle petite traînée fourrée dans les bois…

     - Et vous aimez cette vue, monsieur ?

     - Oh oui.

     - Vous donne-t-elle envie de m’honorer d’une bonne giclée sur les seins

     - Oh mademoiselle, puis-je encore profiter de ce petit trou ?

     - Fais ! Surtout ne te gêne pas. »

     Et l’homme de retourner entre les fesses d’Eugénie pour d’ultimes coups de boutoir envoyés au plus profond de l’intimité de la jeune châtelaine. Il lui procurèrent un orgasme puissant, qui la fit vibrer des épaules aux pieds.

     Ensuite, sans plus attendre, elle se mit à genoux, s’empara de son corsage pour le tirer et révéler ses deux seins.

     « C’est là que tout doit aller, monsieur. Et soyez généreux. La fille de votre châtelain veut du foutre bien chaud sa douce gorge. Elle adore cela. »     

     L’homme ne se fit pas prier. Il déchargea de belles giclées de foutre chaud sur la poitrine d’Eugénie. Elle s’empara de la verge du bûcheron pour finir de le vider et ne perdre aucune goutte. Elle étala ensuite, de ses deux paumes, la semence sur sa gorge. Elle le reprit en bouche, elle le dévisagea. Il était comme assommé par le plaisir, presque hébété par ce qui venait de lui arriver.

     « Je pense me perdre plus souvent, monsieur le bûcheron, lui jetta-t-elle négligemment avant de le quitter, sans même lui demander la route. »

     Après quelques pas, l’obscurité envahit la forêt et la sonnerie de son réveil retentit.

Par Chevalier de Ferreol
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Vendredi 27 mars 5 27 /03 /Mars 00:26

IV

III

 

 

 

 

 

 

     Eugénie ouvrit les yeux.

     Elle resta un instant sans comprendre avant de cherche à tâtons, sans tourner la tête, son réveil pour l’éteindre.

     N’acceptant pas d’être séparée ainsi du rêve qu’elle venait de faire, elle ferma les yeux pour le retrouver, pour savourer les sensations qui palpitaient encore en elle, comme des souvenirs qui s’échappaient déjà. Elles avaient pour foyer le centre de son corps. Son entrejambe rayonnait de chaleur et de plaisir. Sa cyprine inondait ses cuisses et ses draps.

     Obéissant à sa main plutôt que la commandant, elle se fraya un passage vers son sexe. Jamais encore Eugénie ne l’avait senti aussi humide, aussi moite. Son plaisir inondait les draps. Elle glissa sa main entre ses cuisses pour en caresser l’intérieur, en ne faisant que frôler  son intimité.

     Bientôt, elle cessa d’activer sa main pour imprimer à son bassin un lent va et vient autour de ses doigts. Eugénie enfonça sa tête dans son oreiller, elle gémit puis son majeur trouva sans mal son clitoris. Elle massa son bouton intime jusqu’à faire affleurer le plaisir à la surface de son corps, de son esprit. Il montait entre ses cuisses par vagues successives et croissantes. Avant de jouir, elle mordit dans les draps puis s’abandonna.

     Un spasme la parcourut. Eugénie oublia tout. Elle se cabra, elle contracta sa mâchoire le temps qu’un puissant éclair de plaisir remonte sa colonne vertébrale pour aller s’épanouir dans sa tête, dans son esprit.

     Elle plongea dans le noir jusqu’à ce que l’on toque à sa porte.

     « Eugénie ? Il est huit heures, que fais-tu ? »

     C’était sa mère.

     Eugénie se redressa et regarda son réveil. Il indiquait huit heures trois. Elle devait partir dans un peu moins d’une demi heure.

     Encore étonnée par ce qui venait de lui arriver, elle s’assit sur son lit avant de se lever pour prendre ses habits de la journée.

     Il n’y avait en Eugénie ni stupeur, ni confusion. Elle n’était pas choquée ou honteuse d’avoir eu ces pensées. Bien au contraire. Elle était simplement  surprise. Et à double titre. Surprise par la teneur de son rêve car jamais auparavant elle n’avait eu ces pensées. Surprise par le plaisir qu’elle avait pris lors de ce songe et à son réveil. L’orgasme qu’elle s’était donné seule dépassait de loin la plupart de ses étreintes précédentes.  A vrai dire, se dit-elle intérieurement pour être franche avec elle-même, jamais un homme n’avait su la faire vibrer ainsi. Ces pensées plus qu’érotiques lui avaient tourné la tête bien plus facilement que les mains, les gestes, les bouches de ses trois seuls partenaires.

     Elle erra dans sa chambre le temps de s’emparer d’une jupe, d’un débardeur, d’un pull, d’une paire de bas ainsi que de ses sous-vêtements. Sans y prêter attention, elle prit dans son tiroir sa parure la plus élégante, la plus féminine – un shorty et un soutien gorge noirs où la dentelle jouait avec la transparence.

     Sous sa douche, une interrogation survint en elle. Comment est-ce que les images qu’elle venait de vivre avait pu se manifester alors qu’elle ignorait tout de ces façons d’exécuter la chose ? Ce rêve sortait, pour ainsi dire, de nulle part. Il était apparu d’un seul tenant, subitement, dans son existence.

     Le jet chaud du pommeau de douche raviva en elle le foyer de son désir mais elle devait aller au lycée. Elle dut abondamment rincer son entrejambe pour en faire disparaître toute trace de son plaisir.

     Le simple fait d’enfiler ses dessous la troubla. Sentir la dentelle contre ses cuisses, la douce morsure de l’élastique sur ses fesses. Son corps était encore gorgé de plaisir. Il affleurait.

     D’un geste décidé, elle ouvrit la porte

     « C’est libre, s’écria-t-elle avec force, comme pour enfin commencer sa journée. »

     L’heure qui suivit s’écoula sans qu’elle s’en aperçoive. Le petite déjeuner pris avec ses parents, avec la radio en arrière plan. Elle distillait, comme souvent ces derniers matins – et cela aussi avait un impact sur  l’état d’esprit d’Eugénie – des nouvelles moroses. Crises de toute sorte, guerres endémiques à la surface du globe, piètre résultat des sportifs français et ainsi de suite. Le trajet jusqu’au lycée, fait dans la voiture de son père, qui aborda quelques points litigieux de la succession de sa grand-mère. Notamment celui qui concernait Eugénie : elle voulait un meuble que sa tante refusait de lui laisser. Les camarades devant la grille du lycée, avec les habituelles cigarettes du matin et les discussions sur qui avait vu quoi à la télé. Elle remarque à peine son ex petit ami qui la fixa avec attention, un sourire narquois aux lèvres, en la désignant à un de ses amis.

     Dans la salle de cours, son rêve la rattrapa. La matière et le professeur étant particulièrement soporifique – sciences économiques avec une vieille dame à la voix monotone – elle eut toute la liberté pour voguer sur l’océan de plaisir qui l’avait submergé. La crudité et la pornographie de son rêve hantait ses pensées. Les mots qu’elle avait prononcés, ceux du bûcheron, la pénétration exclusivement anale, l’absence totale de retenue de la part de la jeune femme qu’elle était dans ce songe, tout lui avait plu. Elle ne rejetait rien de toutes ces choses qu’elle ne connaissait pas. Pas encore ? se demanda-t-elle, alors qu’un sourire mystérieux illuminait son visage.

     « Mademoiselle, puis-je savoir ce qui vous fait rire ? demanda la professeur, interrompant brutalement le cours de ses pensées.

     - Rien, rien. Excusez-moi, balbutia-t-elle avant qu’une légère rougeur envahisse son visage.

     - Bien. Alors cessez de révasser et rejoignez-nous. »

     Eugénie hocha la tête en signe d’acquiescement puis se força à suivre le cours de la leçon. Toute la journée lui sembla aussi fade. D’autant plus qu’un crachin froid et désagréable tomba sans discontinuer à partir de dix heures. Le soir venu, elle gagna son lit avec hâte.

     Voulant garder le parfum de sa nuit, de son plaisir, Eugénie n’en changea pas les draps. Une douce chaleur les envahit rapidement. Elle s’endormit en un rien de temps, curieuse de savoir si les mots et les gestes de la jeune femme allait se manifester une seconde fois. Il n’en fut rien. Sa nuit fut noire et son sommeil profond.

 

     Toute la semaine qui suivit, Eugénie fut comme lors de ce lundi : distante et rêveuse. A tel point qu’elle ne prêta aucune attention à son ex-petit ami et à son ancienne camarade, ce qui ne laissa pas de les intriguer.

     Le premier fut pris d’un grand doute devant la froide indifférence qui remplaça, sur le visage de son ancienne amante, les nombreuses réactions qu’il avait jusque là réussi à imprimer. Car, il avait beau s’en défendre de par lui-même, il était épris d’Eugénie. Il commençait à s’en vouloir de lui avoir été infidèle et de lui avoir menti sans vergogne. Alors, devant le regard lointain qu’elle posa tous les jours sur lui, il prit peur. Aurait-elle vraiment tourné la page ? Il se mit à craindre de devoir répondre par l’affirmative à cette question. En fin de semaine, toute l’assurance et le dédain qu’il affichait en la habituellement en la voyant avait disparu. Il e mit même à chercher son attention. Mais de tout cela, Eugénie ne se soucia guère.

     La deuxième, quant à elle, prit la moue rêveuse de son amie pour de la tristesse puis elle s’expliqua cette tristesse par leur récente altercation dont elle reconnaissait, à présent, être l’instigatrice. Mais là encore, Eugénie ne vit rien.

     Tous les soirs ou presque, elle fit descendre sa main  entre ses jambes pour raviver ses souvenirs. Elle y arriva avec une constance d’autant plus étonnante qu’elle ne varia pas une fois le cours de ses pensées. Elle fit tourner en boucle le film de ses souvenirs et, à chaque fois, s’abandonna au plaisir qu’elle avait ressenti dans son rêve. A tel point qu’à la fin, elle avait la quasi certitude d’avoir déjà vu le grand chêne, de s’être déjà perdue dans cette forêt.

     Paradoxalement, le désir qu’elle pouvait ressentir pour quelques garçons de son lycée s’évanouit. Tous lui plaisaient mais, durant cette semaine, elle n’en remarqua aucun. Il appartenaient au même monde que son ancien petit ami, à la même réalité qui n’avait jamais su lui donner le quart du plaisir qu’un onirique bûcheron avait su lui donner. Elle mangea avec certains d’entre eux au réfectoire du lycée, elle accepta même l’invitation du plus craquant pour aller boire un verre. Le jeune homme, aussi intimidé qu’attiré par son indifférence, n’osa tenter quoi que ce soit. De toute façon, il se serait vu opposé une fin de non recevoir.

     Le jeudi soir, à table, devant le manque d’appétit d’Eugénie, sa mère s’enquit de sa santé, de son état général. Elle la trouvait fatiguée. Elle ne voulait pas que sa fille se laisse abattre. Elle comprenait bien que sa fille traversait une période difficile avec la mort de sa grand-mère et le départ de son amie – Eugénie ne lui avait pas parlé de sa relation – mais elle n’aimait pas la voir aussi nonchalante, aussi désoeuvrée.

     Le seul relief qui émailla la plate monotonie de sa semaine fut une nouvelle venue dans l’internat de son lycée. Elle était en BTS et avait plus de vingt ans. Brune, une chevelure ample, un corps svelte couronné, selon toute vraisemblance, d’un bonnet c ferme et haut placé. Son visage, fermé au premier abord, était en fin de compte féminin et délicat. 

Par Chevalier de Ferreol
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Samedi 9 mai 6 09 /05 /Mai 19:25

V

     Eugénie la remarqua alors qu’elle sortait du bâtiment réservé à sa filière – les laboratoires des BTS de biotechnologies – et qui jouxtait celui des sciences sociales.

     De loin, alors que l’un entrait et l’autre sortait, elles se croisèrent du regard. L’espace d’un instant, pour la première fois de la semaine Eugénie se sentit les pieds sur terre. Ces yeux sombres l’interpellaient puissamment. Comme si cette inconnue voulait entrer en contact avec elle.

     En premier lieu, surprise par l’intensité de son regard, Eugénie baissa le sien puis se reprit. Elle redressa les yeux pour renouer le contact.

     L’inconnu lui souriait d’un sourire aussi engageant qu’intriguant. Elle hocha imperceptiblement la tête avant de faire demi tour. Le regard d’Eugénie descendit à mesure que l’inconnue se tournait. Elle portait un jean simple qui aurait pu aller autant à un homme qu’à une femme. Il laissait cependant deviner un postérieur des plus plaisants et de fines jambes.

     Le lendemain, vendredi, Eugénie la vit à deux reprises. La première fois, à la pause de dix heures, en train de fumer une cigarette avec un des garçon du lycée ayant l’une des réputations les plus sulfureuses – coma éthylique à un anniversaire, ébriété sur la voie publique, expulsion pour trois jours du lycée, rumeurs persistantes de bisexualité. Elle eut l’impression que l’inconnue lui fit un clin d’œil quand leurs regards se croisèrent. La deuxième fois, peu avant la reprise des cours en début d’après-midi, elle la surprit, encore de loin, en pleine conversation téléphonique. Plus rien ne semblait exister autour d’elle que ce qu’on lui disait à l’oreille et qui ne la rendait pas souriante. Bien au contraire. Eugénie eut la très vive impression de voir sur son visage un mur infranchissable établissant une limite très nette entre celle qui semblait être et la réalité de sa vie.

     Le contraste entre ces deux visions fugaces intrigua au possible Eugénie. Elle voulait d’ors et déjà en savoir plus sur cette inconnue. A la sortie des cours, par relations interposées, elle réussit à grappiller quelques informations. Elle s’appelait Charlotte, elle venait de se faire renvoyer d’un internat lyonnais et elle avait déjà eu maille à partir avec une enseignante. Eugénie trouva que ce qu’elle venait d’apprendre cadrait très bien avec l’idée qu’elle se faisait de Charlotte. Son regard cadrait parfaitement avec ces informations. Une réputation déjà solide. Eugénie n’en eut que plus envie de l’approcher, de faire sa connaissance.

Le mot décrivant le mieux Charlotte s’imposa à l’esprit d’Eugénie le lendemain, alors qu’elle faisait les vitrines du centre-ville.

     En passant devant une boutique de lingerie, elle tomba en arrêt devant une parure. Elle était en dentelle noire rehaussé de motifs bordeaux. Le noir était intense et le bordeaux profond, nuances qui se mariaient à merveille. Les deux bonnets du soutien gorge ressemblaient aux pétales d’une rose mais une rose vénéneuse, non pas une rose romantique.

     Et c’est ce mot là qui décrivait le mieux Charlotte. Elle avait un charme vénéneux, une présence troublante. L’apparition de ce mot dans son esprit acheva de concrétiser la place qu’elle avait rapidement occupée dans ses pensées. Un sourire empreint de désir barra alors son visage, avant qu’Eugénie ne pousse la porte de la boutique.

     A la vendeuse, très probablement une étudiante blonde qui finançait ses études, elle demanda à essayer la parure noire et violette en vitrine. La jeune femme eut un regard entendu.

     « Très bon choix. Cet ensemble est hypnotique. Je l’adore. »

     Dans la cabine, Eugénie posa le soutien gorge devant elle et prit le string – qui était en fait plutôt un tanga - dans ses mains pour le mettre devant sa jupe. Elle s’observa un instant, ravie.

     « De toute façon, tu vas l’acheter, hein ? se dit-elle droit dans les yeux. »

     Puis elle glissa ses mains sous sa jupe pour faire rouler la petite culotte qu’elle portait. Snetir l’étoffe, la dentelle de ce dessous glisser le long de sa peau, sentir le contact de ses bas contre la paume de ses mains la fit frissonner. Elle ferma les yeux, enfila le tanga puis s’adossa à la cabine, toujours face au miroir. Elle posa ses mains sur sa jupe et la releva doucement d’abord mais apercevoir le haut de ses bas électrisa Eugénie. Alors, elle hâta le lever de rideau sur son entrejambe pour faire apparaître sans plus tarder la dentelle du tanga. Il enserrait son sexe et laissait aisément deviner ses lèvres intimes. Cette vue la combla d’aise.

     « Ma chatte, se dit-elle se prononcer les mots, avant de poser sa main gauche sur la dentelle, noire à cet endroit. »

     Sans plus attendre, elle commença à se caresser. Rapidement, à mesure que la moiteur envahissait le nouvel ensemble, les mots et les gestes du bûcheron envahirent ses pensées. Ils se superposèrent aux images de Charlotte qui l’habitaient depuis quelques jours. C’était elle qui lui ordonnait de trousser ses jupons. C’était sa langue qu’elle sentait explorer son intimité. C’était ses doigts qu’elle sentait en elle en lieu et place de la verge du bûcheron.

     Eugénie n’avait jamais d’attirance pour aucune fille tout comme elle n’avait jamais songé à des étreintes semblables à celle de son rêve pourtant elle s’abandonnait sans mal, le plus naturellement du monde, au plaisir que ces images provoquaient en elle. Eugénie sentait confusément que quelque chose était en train de se produire en elle.

     Le cours de ses pensées et de son action fut brutalement interrompu par la vendeuse qui toqua à la porte de la cabine.

     « Mademoiselle ? »

     La voix était courtoise mais ferme.

     Eugénie ouvrit les yeux, comprima un éclat de rire et, amusé, sourit à son double.

     « Je prends la parure, n’ayez crainte, répondit-elle. »

     Ce demi-aveu sur la nature réelle de son activité dans la cabine et sa réaction allait dans le sens du changement qui s’opérait en elle.  En temps normal, elle aurait eu honte, elle aurait rougit d’être ainsi interpellée et surprise. A vrai dire, avant son rêve, elle n’aurait jamais eu l’envie de se caresser dans une boutique de lingerie.

     Sous l’action de ses doigts, son plaisir grimpa en flèche. Elle voulait ce plaisir, elle voulait se faire jouir, elle voulait s’abandonner aux images qui la troublaient avec une facilité déconcertante. Son orgasme fut bref et intense, comme un éclair trouant la profondeur de la nuit. Dans un mouvement incontrôlable de son corps, l’arrière de sa tête vint heurter avec force la cabine, ébranlant le silence feutré de la boutique. Eugénie crut entendre la vendeuse pouffer discrètement de rire.

     Peu après, elle était face à elle.

     « Je connais le prix, vous n’avez pas à soulever votre jupe, lui envoya la vendeuse, taquine. »

     Eugénie lui répondit par le même sourire.

     « Mais si vous désirez que je soulève votre jupe, je peux le faire, osa, avec moins d’assurance, la vendeuse, déjà troublée.  »

     Mais une cliente fit retentir la sonnerie de la porte, dissipant en un instant la tension érotique de la situation. Eugénie en profita pour sortir son porte monnaie. Par chance elle avait la somme exacte en liquide sur elle. En s’éclipsant, alors que la dame – une bourgeoise enrobée de 60 ans – expliquait les raisons de sa visite, elle plongea son regard dans celui de la vendeuse. Le même désir, la même envie de jouer.

     « Au revoir. Je repasserai peut-être. »

     Puis elle s’éclipsa. Dans la rue, un homme s’arrêta de marcher pour la regarder passer. Ses fesses, sa démarche ainsi que la discrète et subtile odeur de lingerie et de plaisir qui émanait d’elle le pétrifièrent sur place. Mais Eugénie ne remarqua rien, toute entière accaparé par la vendeuse et sa proposition. Non. Pas seulement par cette vendeuse. Aussi par Charlotte. Car l’idée première qui lui venait à l’esprit n’était pas celle d’avoir presque cédée aux avances d’une femme mais bien plutôt qu’elle aurait voulu que Charlotte soit la vendeuse. Comme si jouer avec la vendeuse aurait été trahir la belle inconnue. Et tout cela, alors même qu’elle ne lui avait jamais parlé.

     Le soir-même, elle fit un second rêve.

Par Chevalier de Ferreol
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