Vendredi 27 mars 5 27 /03 /Mars 00:26

III

 

 

 

 

 

 

     Eugénie ouvrit les yeux.

     Elle resta un instant sans comprendre avant de cherche à tâtons, sans tourner la tête, son réveil pour l’éteindre.

     N’acceptant pas d’être séparée ainsi du rêve qu’elle venait de faire, elle ferma les yeux pour le retrouver, pour savourer les sensations qui palpitaient encore en elle, comme des souvenirs qui s’échappaient déjà. Elles avaient pour foyer le centre de son corps. Son entrejambe rayonnait de chaleur et de plaisir. Sa cyprine inondait ses cuisses et ses draps.

     Obéissant à sa main plutôt que la commandant, elle se fraya un passage vers son sexe. Jamais encore Eugénie ne l’avait senti aussi humide, aussi moite. Son plaisir inondait les draps. Elle glissa sa main entre ses cuisses pour en caresser l’intérieur, en ne faisant que frôler  son intimité.

     Bientôt, elle cessa d’activer sa main pour imprimer à son bassin un lent va et vient autour de ses doigts. Eugénie enfonça sa tête dans son oreiller, elle gémit puis son majeur trouva sans mal son clitoris. Elle massa son bouton intime jusqu’à faire affleurer le plaisir à la surface de son corps, de son esprit. Il montait entre ses cuisses par vagues successives et croissantes. Avant de jouir, elle mordit dans les draps puis s’abandonna.

     Un spasme la parcourut. Eugénie oublia tout. Elle se cabra, elle contracta sa mâchoire le temps qu’un puissant éclair de plaisir remonte sa colonne vertébrale pour aller s’épanouir dans sa tête, dans son esprit.

     Elle plongea dans le noir jusqu’à ce que l’on toque à sa porte.

     « Eugénie ? Il est huit heures, que fais-tu ? »

     C’était sa mère.

     Eugénie se redressa et regarda son réveil. Il indiquait huit heures trois. Elle devait partir dans un peu moins d’une demi heure.

     Encore étonnée par ce qui venait de lui arriver, elle s’assit sur son lit avant de se lever pour prendre ses habits de la journée.

     Il n’y avait en Eugénie ni stupeur, ni confusion. Elle n’était pas choquée ou honteuse d’avoir eu ces pensées. Bien au contraire. Elle était simplement  surprise. Et à double titre. Surprise par la teneur de son rêve car jamais auparavant elle n’avait eu ces pensées. Surprise par le plaisir qu’elle avait pris lors de ce songe et à son réveil. L’orgasme qu’elle s’était donné seule dépassait de loin la plupart de ses étreintes précédentes.  A vrai dire, se dit-elle intérieurement pour être franche avec elle-même, jamais un homme n’avait su la faire vibrer ainsi. Ces pensées plus qu’érotiques lui avaient tourné la tête bien plus facilement que les mains, les gestes, les bouches de ses trois seuls partenaires.

     Elle erra dans sa chambre le temps de s’emparer d’une jupe, d’un débardeur, d’un pull, d’une paire de bas ainsi que de ses sous-vêtements. Sans y prêter attention, elle prit dans son tiroir sa parure la plus élégante, la plus féminine – un shorty et un soutien gorge noirs où la dentelle jouait avec la transparence.

     Sous sa douche, une interrogation survint en elle. Comment est-ce que les images qu’elle venait de vivre avait pu se manifester alors qu’elle ignorait tout de ces façons d’exécuter la chose ? Ce rêve sortait, pour ainsi dire, de nulle part. Il était apparu d’un seul tenant, subitement, dans son existence.

     Le jet chaud du pommeau de douche raviva en elle le foyer de son désir mais elle devait aller au lycée. Elle dut abondamment rincer son entrejambe pour en faire disparaître toute trace de son plaisir.

     Le simple fait d’enfiler ses dessous la troubla. Sentir la dentelle contre ses cuisses, la douce morsure de l’élastique sur ses fesses. Son corps était encore gorgé de plaisir. Il affleurait.

     D’un geste décidé, elle ouvrit la porte

     « C’est libre, s’écria-t-elle avec force, comme pour enfin commencer sa journée. »

     L’heure qui suivit s’écoula sans qu’elle s’en aperçoive. Le petite déjeuner pris avec ses parents, avec la radio en arrière plan. Elle distillait, comme souvent ces derniers matins – et cela aussi avait un impact sur  l’état d’esprit d’Eugénie – des nouvelles moroses. Crises de toute sorte, guerres endémiques à la surface du globe, piètre résultat des sportifs français et ainsi de suite. Le trajet jusqu’au lycée, fait dans la voiture de son père, qui aborda quelques points litigieux de la succession de sa grand-mère. Notamment celui qui concernait Eugénie : elle voulait un meuble que sa tante refusait de lui laisser. Les camarades devant la grille du lycée, avec les habituelles cigarettes du matin et les discussions sur qui avait vu quoi à la télé. Elle remarque à peine son ex petit ami qui la fixa avec attention, un sourire narquois aux lèvres, en la désignant à un de ses amis.

     Dans la salle de cours, son rêve la rattrapa. La matière et le professeur étant particulièrement soporifique – sciences économiques avec une vieille dame à la voix monotone – elle eut toute la liberté pour voguer sur l’océan de plaisir qui l’avait submergé. La crudité et la pornographie de son rêve hantait ses pensées. Les mots qu’elle avait prononcés, ceux du bûcheron, la pénétration exclusivement anale, l’absence totale de retenue de la part de la jeune femme qu’elle était dans ce songe, tout lui avait plu. Elle ne rejetait rien de toutes ces choses qu’elle ne connaissait pas. Pas encore ? se demanda-t-elle, alors qu’un sourire mystérieux illuminait son visage.

     « Mademoiselle, puis-je savoir ce qui vous fait rire ? demanda la professeur, interrompant brutalement le cours de ses pensées.

     - Rien, rien. Excusez-moi, balbutia-t-elle avant qu’une légère rougeur envahisse son visage.

     - Bien. Alors cessez de révasser et rejoignez-nous. »

     Eugénie hocha la tête en signe d’acquiescement puis se força à suivre le cours de la leçon. Toute la journée lui sembla aussi fade. D’autant plus qu’un crachin froid et désagréable tomba sans discontinuer à partir de dix heures. Le soir venu, elle gagna son lit avec hâte.

     Voulant garder le parfum de sa nuit, de son plaisir, Eugénie n’en changea pas les draps. Une douce chaleur les envahit rapidement. Elle s’endormit en un rien de temps, curieuse de savoir si les mots et les gestes de la jeune femme allait se manifester une seconde fois. Il n’en fut rien. Sa nuit fut noire et son sommeil profond.

 

     Toute la semaine qui suivit, Eugénie fut comme lors de ce lundi : distante et rêveuse. A tel point qu’elle ne prêta aucune attention à son ex-petit ami et à son ancienne camarade, ce qui ne laissa pas de les intriguer.

     Le premier fut pris d’un grand doute devant la froide indifférence qui remplaça, sur le visage de son ancienne amante, les nombreuses réactions qu’il avait jusque là réussi à imprimer. Car, il avait beau s’en défendre de par lui-même, il était épris d’Eugénie. Il commençait à s’en vouloir de lui avoir été infidèle et de lui avoir menti sans vergogne. Alors, devant le regard lointain qu’elle posa tous les jours sur lui, il prit peur. Aurait-elle vraiment tourné la page ? Il se mit à craindre de devoir répondre par l’affirmative à cette question. En fin de semaine, toute l’assurance et le dédain qu’il affichait en la habituellement en la voyant avait disparu. Il e mit même à chercher son attention. Mais de tout cela, Eugénie ne se soucia guère.

     La deuxième, quant à elle, prit la moue rêveuse de son amie pour de la tristesse puis elle s’expliqua cette tristesse par leur récente altercation dont elle reconnaissait, à présent, être l’instigatrice. Mais là encore, Eugénie ne vit rien.

     Tous les soirs ou presque, elle fit descendre sa main  entre ses jambes pour raviver ses souvenirs. Elle y arriva avec une constance d’autant plus étonnante qu’elle ne varia pas une fois le cours de ses pensées. Elle fit tourner en boucle le film de ses souvenirs et, à chaque fois, s’abandonna au plaisir qu’elle avait ressenti dans son rêve. A tel point qu’à la fin, elle avait la quasi certitude d’avoir déjà vu le grand chêne, de s’être déjà perdue dans cette forêt.

     Paradoxalement, le désir qu’elle pouvait ressentir pour quelques garçons de son lycée s’évanouit. Tous lui plaisaient mais, durant cette semaine, elle n’en remarqua aucun. Il appartenaient au même monde que son ancien petit ami, à la même réalité qui n’avait jamais su lui donner le quart du plaisir qu’un onirique bûcheron avait su lui donner. Elle mangea avec certains d’entre eux au réfectoire du lycée, elle accepta même l’invitation du plus craquant pour aller boire un verre. Le jeune homme, aussi intimidé qu’attiré par son indifférence, n’osa tenter quoi que ce soit. De toute façon, il se serait vu opposé une fin de non recevoir.

     Le jeudi soir, à table, devant le manque d’appétit d’Eugénie, sa mère s’enquit de sa santé, de son état général. Elle la trouvait fatiguée. Elle ne voulait pas que sa fille se laisse abattre. Elle comprenait bien que sa fille traversait une période difficile avec la mort de sa grand-mère et le départ de son amie – Eugénie ne lui avait pas parlé de sa relation – mais elle n’aimait pas la voir aussi nonchalante, aussi désoeuvrée.

     Le seul relief qui émailla la plate monotonie de sa semaine fut une nouvelle venue dans l’internat de son lycée. Elle était en BTS et avait plus de vingt ans. Brune, une chevelure ample, un corps svelte couronné, selon toute vraisemblance, d’un bonnet c ferme et haut placé. Son visage, fermé au premier abord, était en fin de compte féminin et délicat. 

Par Chevalier de Ferreol
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